Installer une ruche dans son jardin : l’essentiel à savoir

L’apiculture connaît un regain d’intérêt. Après un coup de mou durant les années 90, nous connaissons maintenant une augmentation du nombre d’apiculteurs en France. Et sachez que la plupart des 71 000 apiculteurs déclarés en 2020 sont des amateurs. Ces passionnés pratiquent l’élevage des abeilles pour leur plaisir, mais aussi pour profiter d’une récolte de miel maison. Vous souhaitez faire comme eux et élever des abeilles ? Lisez cet article jusqu’à la fin, vous y trouverez des informations utiles, si vous souhaitez installer des ruches dans le jardin. Nous vous souhaitons bonne lecture.

Qu’est ce que l’apiculture ?

L’apiculture est l’élevage des abeilles. Cette pratique agricole est apparue au temps des pharaons, dans la vallée du Nil. En France, on s’adonne à l’apiculture depuis l’antiquité. Par exemple, la Corse paya à l’Empire romain une part de ses impôts sous la forme de miel.

apiculture de loisir
L’apiculture peut se pratiquer comme un loisir et en famille.

Au 19 ème siècle, l’apiculture s’est modernisée. Depuis cette révolution apicoles, elle est surtout pratiquée avec des ruches à cadres, comme la ruche Dadant ou la ruche Langstroth. Ces deux modèles de ruches sont les plus courants de nos jours.

Mais bien entendu, il existe de nombreuses formes d’apiculture comme :

Apiculture naturelle, est une pratique centrée sur les besoins des abeilles, plus que sur les attentes de l’apiculteur
Apiculture de conservation, qui a pour but de protéger les abeilles menacées et en particulier l’abeille noire (Apis mellifera mellifera)
Apiculture conventionnelle, qui est pratiqué par la plupart des apiculteurs professionnels en France
Apiculture de précision, qui mobilise des capteurs et l’informatique pour atteindre l’optimisation des rendements

On dit souvent qu’il existe autant de formes d’apiculture que d’apiculteurs. C’est assez vrai, car chacun à des objectifs propres, un environnement particulier et ses préférences techniques. Vous pourrez en témoigner lorsque vous serez devenu apiculteur à votre tour.

En France, toute personne qui possède une ruche est considérée comme un apiculteur. Même si elle ne tire aucun profit de l’élevage de ses abeilles. Il est donc obligatoire de déclarer – chaque année – le nombre des colonies que l’on garde. Cette déclaration se fait en ligne, depuis le site du ministère de l’agriculture. La première connexion permet d’obtenir son NAPI, le numéro d’apiculteur que l’on doit apposer sur ses ruches.

Où placer une ruche dans son jardin ?

Les abeilles sont des insectes qui sont sensibles à leur environnement proche, mais aussi à la qualité des zones environnantes explorées par les butineuses.

Pour obtenir de bons résultats en apiculture et garder ses abeilles en bonne santé, il faut placer ses ruches au bon endroit. Il faut aussi répondre à des obligations légales, car les abeilles sont des insectes piqueurs qui peuvent générer des nuisances au voisinage.

Le meilleur endroit pour une ruche est ensoleillé

Les abeilles sont des hyménoptères qui maintiennent la température à l’intérieur de leur nid autour de 35°C. C’est dans cette ambiance chaude que le couvain (terme qui désigne les larves et les nymphes des abeilles) se développe. Cette chaleur est produite par les ouvrières qui font vibrer les muscles de leurs ailes. Mais tout cela leur demande beaucoup d’énergie. Pour ne pas trop les solliciter, il faut mieux placer chaque ruche à un endroit favorable. Le confort de ses habitantes sera amélioré.

installer une ruche dans son jardin
Placez vos ruches à un endroit ensoleillé.

Un bon emplacement se trouve exposé au soleil et abrité des vents dominants durant l’hiver. L’exposition à l’est ou au sud est souvent conseillée. Si vous disposez d’un mur, profitez-en. Contre un mur, vos ruches bénéficieront d’un microclimat confortable. Elles auront moins d’énergie à dépenser pour maintenir leur couvain au chaud. Les butineuses seront aussi plus rapidement actives en matinée et la quantité de nourriture ramenée au nid sera plus importante. Souvenez-vous de ce détail si vous voulez profiter de leur miel.

Une aire de butinage de qualité

Pour survivre et se développer, une colonie d’abeille a besoin d’importantes quantités d’aliments. Les butineuses vont collecter tout autour de leur nid, parfois à plusieurs kilomètres de distance ces ressources. La zone exploitée par les butineuses d’une même colonie est nommée l’aire de butinage. Les abeilles y trouvent du nectar, du pollen, du miellat et de l’eau.

Le nectar est produit par les fleurs, il s’agit d’un liquide sucré qui contient des sels minéraux. Le pollen est également produit par les fleurs, mais il est surtout riche en protéines et en lipides. L’abondance en nectar et en pollen varie en fonction de l’année et des époques de floraison. Elle est importante au printemps et pratiquement nulle en hiver. Mais là encore tout dépend de la flore locale, du climat et des conditions météorologiques du moment.

En période de disette, les abeilles peuvent aussi récupérer le miellat que génèrent les pucerons et les cochenilles. Il s’agit d’un excrément – issu de la digestion de la sève – qui contient beaucoup de sucres. Il est principalement butiné en été, lorsque les fleurs deviennent moins abondantes. Il est aussi abondant dans les forêts de conifères.

L’eau est souvent oubliée, lorsque l’on parle de la qualité de l’aire de butinage. Mais elle est vitale pour la colonie. Une abeille est constituée à 70% d’eau. Et une larve en contient 80%.

Une colonie de plusieurs milliers d’individus à besoin d’eau pour s’hydrater. Cette eau est aussi utilisée pour refroidir l’air à l’intérieur du nid. Car il faut éviter la surchauffe au couvain, surtout en été.

Durant la belle saison et surtout pendant les périodes de canicule, les abeilles vont rechercher activement de l’eau. Si celle-ci est trop éloignée des ruches, mieux vaut installer à quelques mètres un abreuvoir. Remplissez celui-ci d’eau et de petites pierres, pour ne pas que les abeilles s’y noient. Placez-le en plein soleil, car les butineuses n’aiment pas boire de l’eau froide.

mettre une ruche dans son jardin
La santé d’une colonie dépend beaucoup de la richesse botanique de son aire de butinage.

Les zones périurbaines, les campagnes et les bocages dont l’agriculture est diversifiée ont une végétation riche qui permet aux colonies d’abeilles de subvenir à leurs besoins. Et à l’apiculteur amateur de faire une récolte de quelques kilogrammes de miel chaque année.

Mais il arrive que l’on installe des ruches sur un territoire pauvre en ressources ou bien surexploités par les abeilles.

Ainsi, les villes sont devenues peu propices à l’apiculture. Par exemple à Paris, 2000 ruches installées sur les toits des immeubles, les balcons et dans les jardins publics se partagent seulement 100 kilomètres carrés. C’est un densité plus forte que dans les campagnes. Et il n’y a pas assez de fleurs pour satisfaire tous les insectes.

Dans le cas d’une aire de butinage saturée ou peu productive, il sera nécessaire de nourrir vos colonies avant l’hiver et parfois même durant l’année. Car une colonie sans réserve ne survit pas à son hivernage. Les apiculteurs parlent de nourrissement. Il s’agit d’un terme propre à l’apiculture et qui désigne l’apport d’un sirop sucré, d’un pain de sucre ou d’une pâte enrichie en protéines.

Attention aux distances réglementaires

Les lois françaises – comme pour la plupart des pays européens – sont favorables à l’apiculture de loisir. Mais le Code Rural prévoit des distances minimales à respecter entre les ruches et le voisinage.

Ces distances varient en fonction de la nature des propriétés voisines ou des lieux fréquentés par le public. Mais elles changent d’un département à un autre. Parfois même elles sont spécifiques à une ville ou à un quartier. Ces distances de sécurité sont prises par arrêté, par le préfet ou par le maire. Pour en savoir davantage, consultez votre mairie.

Toutefois, le Code Rural prévoit une disposition supplémentaire qui change tout. Si vos ruches sont séparées de la propriété voisine par un mur, une palissade ou une haie persistante d’au moins deux mètres de hauteur, plus aucune distance ne s’applique alors. Vous pouvez ainsi installer vos ruches à côté d’une école, d’un hôpital ou d’une caserne de pompiers. C’est pour cette raison qu’il est possible d’installer des ruches en ville et autres lieux densément peuplés.

Bien entendu, au-delà des distances minimales et des séparations que vous pouvez mettre entre vos abeilles et vos voisins, il est nécessaire de prendre toutes les précautions pour éviter les désagréments. Car vous restez responsable de vos abeilles, même lorsqu’elles s’aventurent après les limites de votre propriété. Pensez aussi à vous assurer. Consultez votre assureur ou bien passez par un syndicat apicole pour assurer vos ruches. Ce n’est pas très cher et cela peut vous rendre service.

placer une ruche dans son jardin
Les abeilles sont des insectes piqueurs potentiellement dangereux.

Pour ne pas causer des conflits ou éveiller des craintes au sujet de votre nouvelle passion, placer vos ruches à l’abri des regards et le plus loin possible des propriétés voisines. Si vous pouvez planter des arbustes tout autour de vos ruches, faites-le. Tant qu’à faire, choisissez des arbustes mellifères qui plaisent aux abeilles et autres insectes nectarivores.

Combien faut-il de ruches pour débuter ?

La plupart des néophytes souhaitent commencer avec une seule ruche. Toutefois, si vous n’êtes pas limité par l’espace disponible ou votre budget, une seule ruche ne suffit pas. Il est nécessaire de débuter avec au moins deux ou trois ruches pour les raisons suivantes :

1. La mortalité hivernale est parfois forte et les ruches des débutants sont souvent plus vulnérables
2. Vous avez besoin d’une colonie qui contient beaucoup d’abeilles et de couvain pour repeupler une colonie plus faible
3. L’apprentissage sera plus rapide avec plusieurs ruches, car vous ferez plus de manipulations et des comparaisons

Vous pouvez vous procurer vos premières colonies d’abeilles auprès d’un apiculteur ou d’un éleveur. Dirigez-vous vers une personne reconnue par la qualité de son travail. Si vous souhaitez limiter les dépenses, vous pouvez récupérer un essaim au printemps. Mais là rien n’est garanti, car les essaims deviennent de plus en plus rares. Attention, si vous ne savez pas comment récupérer un essaim, faites vous aider par un apiculteur. Et n’intervenez pas si l’essaim s’est placé en hauteur.

Quel est le budget pour débuter ?

L’apiculture est une pratique accessible au plus grand nombre. L’investissement n’est pas trop important pour ceux qui veulent profiter d’un loisir aussi impliquant. Comptez entre 500 et 1000 euros pour débuter avec deux ruches et l’équipement de l’apiculteur : un enfumoir, un lève-cadres et une combinaison intégrale. L’achat de consommable se fera par la suite chaque année.

Faites attention aux matériels d’occasion et autres bonnes affaires d’internet. Pour ne pas débuter avec des abeilles malades, achetez du matériel neuf. Car les vieilles ruches sont parfois contaminées par des agents pathogènes redoutables.

En apiculture, l’écart entre le neuf et l’occasion n’est pas énorme. Et ce n’est pas là qu’il faut faire des économies.

Comment apprendre l’apiculture ?

Par contre, pour réussir votre projet apicole, il est nécessaire de vous former correctement avant d’acquérir vos premiers essaims. L’apprentissage de l’apiculture est aussi important pour pratiquer sans mettre en danger un tiers ou vous-même.

De bonnes formations et des stages sont organisés chaque année et partout en France. Des associations et des professionnels gèrent des ruchers écoles où l’on peut apprendre les gestes techniques et s’habituer aux abeilles. Car c’est toujours très impressionnant d’ouvrir une ruche pour la première fois. Et il est normal d’avoir peur des piqûres.

Il est aussi possible d’apprendre la biologie des abeilles et les techniques apicoles en consultant des livres, des revues spécialisées et des blogs. Mais il est encore plus efficace de suivre une formation à distance à l’apiculture. IDLWT – une école en ligne – propose des modules thématiques pour découvrir l’écologie des abeilles et l’apiculture. Pour en savoir davantage sur ce programme d’apprentissage, consultez le site https://apiculture.idlwt.com

Le succès en apiculture dépend plus que jamais des connaissances de l’apiculteur. Le temps de l’apiculture facile est révolu. Nos grands-parents pouvaient garder des ruches et profitaient d’abondantes récoltes de miel en faisant bien peu. Maintenant c’est très différent. En effet, les abeilles sont menacées par des problèmes qui n’existaient pas jadis :

Utilisation massive de pesticides dans les champs et les jardins
Appauvrissement génétique des abeilles à cause d’introductions de reines et d’essaims de races étrangères
Infestation des colonies par le varroa, un acarien présent depuis les années 80
Prédation par les frelons asiatiques, ravageurs arrivés en 2004

Donc si vous souhaitez devenir apiculteur et garder vos abeilles en bonne santé, vous devez absolument vous former et continuellement vous tenir informé.

Nous vous remercions pour votre lecture. Nous espérons que cet article vous orientera vers les bons choix pour vous et pour les abeilles. Si vous l’avez apprécié, partagez-le à vos amis. Les abeilles vous remercient.